Le nouveau Gladio en Ukraine

Lire ce post déjà  :

Ukraine. Un agent US affirme que le coup d’Etat a été fomenté par les USA et l’UE

Qui sont ces anciens soldats israéliens parmi les combattants de rue dans la ville de Kiev ?, AlyaExpress-News.com, 2 mars 2014.

http://alyaexpress-news.com/2014/03/qui-sont-ces-anciens-soldats-israeliens-parmi-les-combattants-de-rue-dans-la-ville-de-kiev/

Des soldats israéliens agissent en coopération avec Svoboda à Kiev (Haaretz)

http://www.comite-valmy.org/spip.php?breve1219

Le nouveau Gladio en Ukraine

Son nom de guerre est Delta. C’est un des chefs militaires de la « révolution ukrainienne » même si, comme il le déclare lui-même, il ne se considère pas comme Ukrainien. Sous le casque il porte la kippa.

C’est l’agence de presse juive Jta (dont le siège est à New York), qui en raconte l’histoire après l’avoir interviewé de façon anonyme, en le photographiant en tenue de camouflage et gilet pare-balle, le visage couvert par des lunettes et une écharpe noires. Delta est un vétéran de l’armée israélienne, qui s’est spécialisé en combat urbain dans la brigade d’infanterie Givati, utilisée dans l’opération Plomb Durci et dans d’autres actions contre Gaza, notamment le massacre de civils dans le quartier Tel el-Hawa.

Des soldats israéliens étaient camouflés place Maidan

Rentré en Ukraine il y a quelques années en habits d’homme d’affaires, il a formé et entraîné avec d’autres ex militaires israéliens le peloton « Casques bleus de Maïdan », en appliquant à Kiev les techniques de combat urbain expérimentées à Gaza. Son peloton, déclare-t-il à la Jta, est aux ordres de Svoboda, autrement dit d’un parti qui derrière sa nouvelle façade conserve sa matrice néonazie. Pour tranquilliser justement les juifs ukrainiens qui se sentent menacés par les néonazis, Delta souligne que l’accusation d’antisémitisme à l’égard de Svoboda est une « connerie ».

La présence en Ukraine de spécialistes militaires israéliens est confirmée par l’information, diffusée par la Jta et d’autres agences juives, que plusieurs blessés dans les affrontements avec la police à Kiev ont immédiatement été transportés dans des hôpitaux israéliens, évidemment pour empêcher que quelqu’un ne révélât d’autres vérités incommodes. Comme celle sur les gens qui ont entraîné et armé les snipers qui, avec les mêmes fusils de précision, ont tiré, place Maïdan, à la fois sur les manifestants et sur les policiers (presque tous touchés à la tête). Ces faits apportent une nouvelle lumière sur la façon dont a été préparé et mis en œuvre le coup d’État de Kiev. Sous direction USA/OTAN, à travers la Cia et d’autres services secrets, ont été pendant des années recrutés, financés, entraînés et armés les militants néonazis qui à Kiev ont donné l’assaut aux palais gouvernementaux, et qui ont ensuite été institutionnalisés comme « garde nationale ». Une documentation photographique, qui circule ces jours-ci, montre de jeunes militants néonazis ukrainiens de Uno-Unso entraînés en 2006 en Estonie par des instructeurs de l’OTAN, qui leur enseignent des techniques de combat urbain et d’utilisation d’explosifs pour des sabotages et des attentats. L’OTAN fit la même chose pendant la guerre froide pour former la structure paramilitaire secrète de type « stay-behind », avec le nom de code « Gladio ». Active aussi en Italie où, à Camp Darby (base étasunienne à côté de Pise) et dans d’autres bases, furent entraînés des groupes néofascistes en les préparant à des attentats et à un éventuel coup d’État. Une structure paramilitaire analogue a été créée et employée aujourd’hui en Ukraine, en se servant aussi de spécialistes israéliens.

Le coup d’État n’aurait cependant pas pu réussir si l’OTAN ne s’était attachée une grande partie des sommets de la hiérarchie militaire ukrainienne, en les formant pendant des années au NATO Defense College et dans des « opérations pour la paix » sous conduite OTAN. Et il n’est pas difficile d’imaginer que, sous le réseau officiel, ait été construit un réseau secret. Les forces armées ukrainiennes ont ainsi obéi à l’ordre de l’OTAN de « rester neutres », pendant que le coup d’État était en cours. Ensuite, leur direction a été prise par Andriy Parubiy, co-fondateur du parti social-nationaliste renommé Svoboda, devenu secrétaire du Comité de défense nationale, et, en habits de ministre de la défense, par Igor Tenjukh, lié à Svoboda.

À coup sûr est déjà en œuvre l’épuration (ou élimination) des officiers jugés non fiables. Tandis que l’OTAN, qui a déjà de fait annexé l’Ukraine, déclare le référendum en Crimée « illégal et illégitime ».

Manlio Dinucci

Source : édition du mardi 18 mars 2014 de Il Manifesto

Traduction de l’italien : Marie-Ange Patrizio

Autre article intéressant :

Les quatre enseignements de la crise en Ukraine

( le Quotidien du Peuple en ligne )

17.03.2014 à 17h16

La situation politique en Ukraine est bien différente de la désintégration de l’Union Soviétique : l’indépendance de l’Ukraine ne s’est pas contentée de donner naissance au troisième arsenal nucléaire du monde et de s’arrêter là ; bien au contraire, ces dernières années, l’Ukraine est devenue le dernier champ de bataille de la guerre froide, et pourrait même conduire au déclenchement d’une seconde guerre froide. Alors que l’Ukraine se tourne vers l’Occident, la région de Crimée a organisé un référendum sur son rattachement a la Russie. Ce petit jeu de balancier géopolitique entre la Russie et l’Occident est entré dans sa phase finale, et il peut nous apprendre beaucoup.

1er enseignement : les lignes de fracture politiques peuvent facilement conduire à une tragédie politique entre grandes

puissances

En tant que deuxième plus grand pays d’Europe, pourquoi l’Ukraine est-elle un « dilemme » ? Tout comme c’est à la jonction des plaques tectoniques que se déclenchent souvent des tremblements de terre, à la jonction de plaques intercontinentales se trouvent aussi des lignes de fractures de civilisation, qui conduisent souvent aussi à des tremblements de terre politiques. L’Ukraine, malheureusement, est située à la jonction des civilisations catholique et orthodoxe : la plupart des habitants des régions Ouest de l’Ukraine sont catholiques, alors que la plupart des habitants des régions de l’Est sont orthodoxes russes. La crise économique a déclenché un choc des civilisations, conduisant le pays au bord de la faillite et de la scission, offrant aux grandes puissances des opportunités d’intervention, et finalement conduisant sa propre tragédie à provoquer une tragédie politique entre grandes puissances.

2e enseignement : la crise politique découle de la crise économique, et une forte dépendance de l’économie envers l’extérieur est dangereuse pour la sécurité nationale

Ces dernières années, les efforts de l’Occident pour faire changer le régime politique dans certains pays ont souvent réussi, et ont eu tendance à se propager. Cette fois, pour éviter d’irriter la Russie, l’Occident n’a pas recouru à des slogans comme le « printemps ukrainien » ou la « révolution orange » ou autres, mais sur le fond il n’y a pas de différences. Les difficultés économiques internes de l’Ukraine, découlant d’un défaut de la dette et de la faillite, ont offert des opportunités de manipulations extérieures. L’Occident s’est appuyé sur la volonté de l’Ukraine de ne pas dépendre excessivement de la Russie pour encourager un changement de situation dans le pays.

3e enseignement : la lecture erronée de l’histoire par l’Occident est un facteur déclenchant de troubles

La désintégration de l’Union Soviétique, qui marqua la fin de la guerre froide, a plongé l’Occident dans l’ivresse de la victoire, poussant les États-Unis à conclure à la « fin de l’histoire », ce qui a d’abord fait prospérer, pour un temps, les théories néo-impérialiste et néo-conservatrice, mais fini par conduire les États-Unis à s’embourber de manière inextricable pendant dix ans en Afghanistan et en Irak. De son côté, l’UE a également procédé à une expansion massive, absorbant 10 pays rien qu’en 2004, jusqu’à en faire une indigestion. C’est de ces mauvaises interprétations de la fin de la guerre froide que sont nés les troubles. Vouloir donner un caractère inévitable à la nature hasardeuse de l’histoire conduit souvent à des prophéties auto-réalisatrices.

4e enseignement : les doubles standards de l’Occident reflètent à nouveau leur hypocrisie

Les Etats-Unis et l’Europe ont autrefois apporté leur soutien à un référendum au Kosovo, mais aujourd’hui ils s’opposent au référendum en Crimée ; naguère, ils prétendaient que les droits de l’homme étaient au-dessus de la souveraineté, mais aujourd’hui, ils disent que la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine sont indivisibles. Les doubles critères des Etats-Unis et de l’Europe ont de quoi dérouter les gens : la raison en est bien sûr que les Etats-Unis et l’Europe décident des valeurs en fonction de leurs propres intérêts : à leur avis, l’indépendance du Kosovo arrachée à la dictature Serbe est légitime, mais l’indépendance de la Crimée de l’Ukraine démocratique est illégale ; dans leur esprit, il semble que la Russie n’est pas un État-nation qui s’est formé naturellement, et qu’il veuille à présent absorber la Crimée est également une violation des idées occidentales. A la veille de l’effondrement de l’Union Soviétique, l’Occident avait à promis Eltsine : pas d’élargissement de l’OTAN, et la Mer Baltique ne rejoindra pas l’UE. Or, quelle est la situation aujourd’hui ? Comment la Russie peut-elle faire confiance à l’Occident ?

La situation en Ukraine est toujours confrontée à de grandes incertitudes. Le 16 mars, un référendum s’est tenu en Crimée, mais le G7, les Etats-Unis et l’Europe ont clairement dit qu’ils ne reconnaîtront pas les résultats du référendum. On ne sait pas encore si l’Occident, face à des résultats du référendum en faveur de la Russie, acceptera ou non ce fait. La politique ukrainienne va constituer un gros problème pour de nombreuses grandes puissances, et comment elles y feront face sera pour ces pays un test de leur sagesse politique.

http://french.peopledaily.com.cn/Horizon/8569144.html